Les dimanches, Arte propose un concert - classique je précise, genre en voie de disparition - en fin d’après-midi et le plus souvent dans le style « pédagogique » ce qui ajoute à l’ennui pour les 99,99% de la population qui n’ont jamais entendu une note de musique, même s’ils ont eu un prof en la matière au collège et même s’ils ont fait quelques années de conservatoire ou école de musique. Ce dimanche, c’était le pompon, le jamais vu, l’explosion du ridicule. Nous avons eu droit à un « Carnaval des animaux », œuvre sublime de Camille Saint-Saëns, massacré par des interprètes de renom - Argerich, Maisky, Pappano… - qui n’ont vraiment rien compris ou… ou qui ont manifesté leur désaccord avec le grand chef d’orchestre Antonio Pappano qui dirigeait l’œuvre du second piano tout en le massacrant sous l’œil effaré de l’immense Martha Argerich. Je n’ai entendu qu’un long moment de duretés, de coups de poing, d’effet douteux, de fautes de style, de trahisons de l’œuvre. Seule - peut-être - Maisky et Argerich ont réussi à sauver du naufrage la partition avec l’interprétation plus que convenable du « Cygne ». Les interventions de la clarinette et de la flute étaient intéressantes alors la malheureuse contrebasse a poussé et tiré son archet sans que l’on entende un seul son. Il faut dire que Pappano martelait son piano jusqu’à en lézarder les murs de la salle de concert. Visuellement, alors que le visage de Pappano était un rictus permanent - le maître doit avoir une maladie nerveuse -, les autres visages, fermés, tristes voir hargneux - Argerich semblait être allongée dans son tombeau -, reflétaient un raz-le bol, une fatigue, un épuisement et sans doute la honte d’être obligé de se soumettre à un pianiste de foire hors du coup, à mille lieux de la musique française, fermé à tous ressentis. Et, cerise sur le gâteau, ce même Pappano a parlé, parlé, parlé, entre chaque mouvement pour expliquer comment les poissons de la volière aboyaient. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’on a flanqué un cartoon avec un animal animé et bruyant entre chaque mouvement, qui couvrait l’image et le son des premières mesures de chacun d’entre eux. Pitié Arte ! Un concert n’a besoin d’aucune explication. Le public est là pour écouter tranquillement, en fumant la pipe s’il le souhaite, mais pas pour entendre des âneries non écrites dans la partition. Et puis, pour ce Carnaval, il y avait la version Rattle avec les sœurs Labèque. J’ai le DVD. C’est tout de même autre chose !