Il a parlé pour dire au peuple qu’il restreignait encore plus sa liberté et que celui-ci devait sauter de joie parce qu’il aurait pu décider pire. Il a fait croire qu’il songeait à rouvrir les opéras, les cinémas, les théâtres - avec terrasses de café - dès la mi-juin ou la mi-mai ou la mi-juillet ou la mi-2022 ou la mi-2023 ou la mi-2057. Je sais désormais que je mourrai sans avoir remis les pieds à l’opéra, au restaurant et au bistrot, les trois seuls piliers de ma vie avec Freud, Lynch, Hitchcock, Wagner, Verdi et « En Thérapie ». Alors plutôt que d’attendre dans le rien et dans le vide autant mourir tout de suite. Les non-réactions du peuple me scandalisent et m’épuisent. Je rêvais de vivre la révolution avec le tranchage du cou de la tête du Roi et je ne verrai jamais rien venir. Alors à quoi bon ! Je rêvais de connaître l’invention de la démocratie. Je rêvais de voir la fin de l’ignorance. Je rêvais de l’interdiction du verbe obéir. Je rêvais de voir les peuples rires et chanter leur libération psychique et physique. Rien. Rien. Rien. Aucun de mes rêves ne se seront réalisés. Alors je meurs, seul avec moi-même, et c’est quand même le plus beau des cadeaux et le plus grandiose des espoirs pour l’humanité.
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