vendredi 22 octobre 2021

le puits au fond du jardin • falstaff ou la vie n’est qu’une farce…


Et c’est bien à cette farce de la vie que l’opéra de Lyon s’est consacré en proposant FALSTAFF, le chef-d’œuvre et testament de VERDI, dans une interprétation musicale et une mise en scène d’une vérité criante que Verdi aurait sans doute cautionnées sans aucune réserve. Sortant d’un monde menotté et tari par la brutalité, le meurtre, la dictature de la pensée, la disparition de l’adulte, le rejet de la culture, le mépris de Freud, je suis entré, hier soir, à l’opéra de Lyon, dans le monde de la vérité, de l’espoir et de la sincérité et de l’émotion. Si le génie de la partition en revient à l’immense Verdi, la sublime beauté de la représentation, toute en alternance de rires et de frissons, en revient d’abord à la pertinence, l’attention, l’intelligence de ce merveilleux jeune chef qu’est Daniele Rustioni - les musiciens ne s’y trompent pas en refusant de se lever pour laisser intégralement les applaudissements et hourras à leur chef -, et à l’inventivité, à l’analyse pertinente et à la superbe structure visuelle élaborée du magnifique metteur en scène Barrie Kosky.  Un spectacle total d’une beauté rare.

 

Après avoir lu quelques critiques émanant d’éminences grises noirâtres, dont celle de l’hilarant psychopathe ForumOpéra qui continue d’exister je me demande comment, j’ai failli renoncer. J’avais oublié qu’il ne faut JAMAIS tenir compte des mots sans lien des critiques de tous poils, ces gens-là n’étant que la frustration d’une vie ratée. J’ai persisté et je ne le regrette pas. La dernière fois que j’ai ressenti la même émotion, le même bonheur à Lyon, c’était pour le Tristan dirigé par Kirill Petrenko, nouveau chef de l’Orchestre Philharmonique de Berlin et l’autre Tristan dans la fabuleuse mise en scène d’Henri Müller à Bayreuth de 1993 à 1997. Dans ce Falstaff lyonnais, c’était avant tout le récit de cette farce en continuité, sans relâchement, égal de bout en bout, presque la farce de la farce. Si Stéphane Degout a été un majestueux Ford, Christopher Purves a été un magnifique Falstaff en gestes et en voix, Giula Zemenzaro, une touchante Nanetta et tant pis si Daniela Barcellona a été une Mrs Quickly un peu trop sage. Le spectacle est resté à la hauteur des grands moments pour lequel le public - salle comble - a ovationné, applaudi et plébiscité tous les artistes de longues minutes - une dizaine peut-être - sans pouvoir se résoudre à quitter la salle. Une fois encore, l’opéra de Lyon a démontré sa puissance basée sur le choix et la qualité. Moi qui connais la maison depuis plus de cinquante ans - j’y ai été musicien - je suis fier de lui avoir appartenu et de pouvoir y aller encore régulièrement.

 




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