Je suis au fond de mon lit, gravement malade. Je suis intoxiqué et le poison qui nage dans mon sang va me tuer avant demain soir, a dit le médecin de famille. Je suis intoxiqué par l’information dont j’abuse abusivement à la télé – hier, j’ai entendu 4276 fois que l’ado de 14 ans qui a tué l’ado de 14 ans doit être pendu sans jugement -, à la radio, sur internet, sur le papier, au bistrot de Leclerc. Je suis en train de mourir des insanités, des immondités proférées par les journalistes, les chroniqueurs, les présentateurs, les miss météo, ma voisine de palier, ma boulangère, mon épicière, mon boucher, ma charcutière, mon ophtalmo, ma podologue, mon infirmière, mes élèves de solfège, le garçon d’ascenseur et tout ce qui marche sur deux pattes en pensant avoir un cerveau. Tous ces morts-vivants qui parlent comme s’ils avaient une voix, qui font les gros yeux comme s’ils avaient un regard, qui écoutent comme s’ils entendaient et qui donnent des leçons de morale comme s’ils n’avaient pas des floppées de crimes sur la conscience qu’ils n’ont pas. Jamais je n’ai pensé aussi fort : tous chez Freud pour y chercher son miroir, le trouver, s’y regarder, s’y reconnaître et le traverser. Pour moi, c’est fait…
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