samedi 13 août 2022

le puits au fond du jardin • les querelles au sein de l’opéra agonisant…



 

Je voudrais dire à Ludovic Tézier – qui fait l’erreur de se confier à l’ignoble Forum Opera – qu’on ne peut juger les mises en scènes d’opéras par les yeux de son fils. Son fils est son fils et cela ne lui confère aucun droit supplémentaire. S’il y a des mises en scène qui semblent hors sujets – qu’est-ce qui est dans le sujet et qu’est-ce qui est hors du sujet ? – il y en a aussi qui apporte infiniment plus que celles de Zeffirelli qui se contente de mettre le texte en image en y ajoutant maintes fioritures lourdes, pesantes et inutiles. Je reste sur celle du Ring du Deutsche Oper Berlin – vu, il y a quelques mois -, réalisée par Stefan Herheim, où le prologue et les trois journées tournent autour d’un piano à queue d’où entrent et sortent les personnages principaux, de centaines de valises et de la partition de Wagner/livre des secrets et du futur, enrobés dans des voiles blancs mouvants et présents, frémissants sous le vent du temps qui passe. Comment doit-on porter ses valises ? Où doit-on les poser ? Que va-t-il advenir de l’instant présent ? Vivons-nous le Ring de la salle ou le vivons-nous dans la partition, au milieu de tous ces gens qui chantent et jouent l’œuvre la plus intense et la plus prémonitoire de l’histoire de l’opéra, de l’histoire tout court. J’ai vu et entendu et vécu le Ring pour la première fois de ma vie, alors que je l’ai joué maintes fois sous la direction d’André Cluytens, Richard Kraus et Horst Stein, que je l’ai vu sous la direction d’Armin Jordan et que je dois en avoir une quarantaine de version ou plus en vinyles, cds et dvds. À l’opposé et pourtant à l'identique, comment faire mieux que Heiner Müller à Bayreuth en 1990, avec les incroyables Siegfried Jérusalem et Waltraud Maier – des chanteurs authentiques – sous la direction de Barenboïm ? Ici, tout est granite. On n’entre pas en scène et on n’en sort pas. On apparaît et on disparaît. Et enfin, on comprend le mensonge de l’amour entre Tristan et Isolde. Jamais ils ne se touchent. Une vitre invisible les sépare à tout jamais… J’ai vu cette mise en scène à l’opéra de Lyon. Très peu de metteur en scène sont capables. Mais combien de chanteurs sont à la hauteur du génie des œuvres de Wagner, de Verdi, de Mozart et de quelques rares autres ? L’opéra est le reflet du monde que l’homme a créé et qu’il ne veut pas changer. Pas terrible… mieux, plutôt scandaleux !    


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