On
me dit - je ne sors jamais dans la rue la nuit - que les choses se seraient
calmées, que le garçonnet de l’épicier et la fillette du cordonnier auraient
posé leurs bidons d’essence et leurs briquets sur l’étagère de leur chambre,
juste à côté de leurs poupées de chiffons. On me dit que les enfants perdus
étaient moins nombreux dans les rues et que moins de commerces auraient été incendiés.
On me dit aussi que les dirigeants auraient passé la nuit à se féliciter, à se
congratuler de cette brillante réussite qui consisterait à avoir éradiqué
définitivement la bouse qui détruit notre vie, d’autant que le peu de ces merdes
qui ont été jugées en comparution immédiate ont écopé de rien à quatre mois
avec sursis - un seul, ferme, il me semble - ce qui les a beaucoup fait rire et
beaucoup encouragé à recommencer - en pire - dans les plus brefs délais. Il me semble, et ce n’est que mon avis, que si j’avais été juge, je les aurais envoyées
pour vingt ans minimums derrière les barreaux pour y dormir entre les heureux moments
de leur juste punition : transporter des rochers de 50 ou 60 kilogrammes d’un
point A à un point B, puis du point B au point A, sans relâche, de 7 heures à 21 heures. Et, il est évident que je n’aurais pas lâché les parents
en les condamnant aux tris de toutes les poubelles du département, à mains
nues et à vie.
Pour
les ignobles parents et leurs ignobles rejetons, je connais une autre solution,
beaucoup plus douce et beaucoup plus efficace : Freud. Les laisser vivre leur vie
en leur demandant simplement de pousser la porte du père de la thérapie psychanalytique
pour y chercher leur miroir, le trouver, s’y regarder, s’y reconnaître et le
traverser. Leur vision du monde - je veux dire leur vision d’eux-mêmes - en serait
complètement changée et de larves immondes, ils pourraient bien devenir les êtres
les plus lucides de la terre.
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