samedi 20 décembre 2025

le puits au fond du jardin • illusion…

 



 

Quand je parle ou quand j’écris – en ce moment j’écris, mon tube ou mon puits, je verrai plus tard -, je ne suis pas sûr que les mots que j’emploie traduisent précisément ce que je veux dire et expriment réellement mes idées et mes convictions qui sont l’image de ce que je suis et qui me différentié de toutes les autres parties prenantes des populations humaines, animales et végétales. Je m’efforce sans cesse d’exprimer mes contradictions, parce que j’ai appris que l’autre que j’aime ou que – plus souvent – je déteste, n’est qu’une des branches de mon moi que j’ai envie de choyer ou de découper en rondelles. Je suis solipsiste. Je ne sais pas si j’ai choisi de l’être, mais je sais que je le suis. Donc, vous tous qui me lisez ou qui ne me lisez pas – je suis plus dans le vrai – , vous n’existez pas. C’est pourquoi, tous les matins, que ce soit en tube ou en puits, je prends le risque énorme d’écrire à moi-même, de me décrire, de m’insulter, de me fustiger, mais aussi, parfois, de m’aimer plus que moi-même, ce qui est d’une très grande rareté. C’est aussi pourquoi, tous les politiques de la gauche à la droite en passant par le centre extrême, tous les journalistes, tous les chroniqueurs, tous les bavards professionnels, mentent effrontément et font très facilement avaler d’énormes couleuvres à l’inexistence des individus et des peuples. Seule la musique de Mozart, ou de Schubert, ou de Wagner, ou de Bach (l’unique), semble réelle. On ne la palpe pas. On ne la voit pas. On ne l’entend pas. Elle entre en nous en vibrant pour faire vibrer nos chaires – de poule, dit-on – et propager la lumière qui donne vie et qui la reprend dès qu’elle est partie. L’annonce de Brunehilde à Sieglinde de l’enfant de Siegmund qu’elle porte dans son ventre, quelques mesures, une ou deux minutes, une éternité de vie qui peut se reproduire à l’infini quand on a appris le langage du son et de sa vibration. Ailleurs, au loin ou à côté, rien. La mort sans fin qui glisse sur les glaces éternelles qui recouvrent la terre.  

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