L’école de musique est le lieu commun de cinq partenaires indissociables : le
parent d’élève et son exigence, l’élève et sa motivation, le professeur et sa
compétence, le directeur et son imagination, le politique et sa peur
schizophrénique. Il faut donc concilier l’inconciliable en associant la musique
exploitée dans ses multiples éléments, la pédagogie privilégiée dans son lien
social et culturel et la politique des élus frileux et hantés par la perte de
leur pouvoir. Les écoles qui ont assimilé ces différentes composantes se font
rares et sont en voie de disparition. Elles sont invisibles. Les autres, infiniment majoritaires, sont multiples et
fleurissent à chaque coin de rue. Elles ne servent à rien, mais elles sont
visibles.
Si l’on considère que le but initial de l’établissement spécialisé est de faire
découvrir la musique, en imprégner l’élève, lui apprendre à l’utiliser, à la
malaxer, à la construire, à la maîtriser, à l’interpréter en la lisant
couramment par l’application d’un enseignement intelligent, rigoureux,
courageux, sans concession, demandant un effort
constant et permanent de la part de chacun des partenaires associés et
d’imposer une méthode de contenus, appliquée rigoureusement avec une méthode de
travail élaborée, constante et progressive, on ne peut que constater l’échec
cuisant actuel et en tirer les conclusions qui s’imposent, en remettant en
vigueur l’enseignement du nom des notes et des trois éléments fondamentaux que
sont leur durée, leur hauteur et leur intensité, afin d’acquérir dans les
délais les plus brefs, l’autonomie nécessaire à la lecture et à
l’interprétation de toutes partitions.
L’ère de l’amusement et de la perte de temps a fait
suffisamment de ravages. Enseignons ou laissons les enfants vaquer à d’autres
occupations.
Le parent d’élève, c’est la maman qui se présente au secrétariat pour exiger
l’inscription de son enfant dans la classe instrumentale qu’elle a choisie en
fonctions de critères bien définis et dont elle a le secret : le piano, pour
justifier la présence inutile du vieux meuble qui orne son salon et parce
qu’avec un seul doigt on peut en sortir un son, ou la flûte à bec pipeau en
plastique, en raison de son coût modique. Surtout pas le violon, parce que ça
grince et ça joue faux, ça fait mal aux oreilles et ça dérange papa lorsqu’il
rentre de son travail, très fatigué. Et puis surtout, et c’est primordial,
maman ne veut pas entendre parler de professionnalisme alors qu’elle en rêve
secrètement. Son enfant ne vient ici que pour son plaisir personnel - il aime
tellement la musique ! - « jouer » sans se fatiguer et sans traumatisme, et
elle y veillera. Elle feint d’ignorer la contrainte du travail
journalier que demande un instrument pour progresser, et l’administration se
garde bien de l’en informer. L’élu surveille, il faut remplir la maison.
L’élève est soumis ou indépendant. Il suit sa maman ou décide lui-même et ce
n’est pas plus mal. Le problème c’est que la plupart du
temps, c’est de la guitare qu’il veut jouer, électrique… ose-t-il parfois
avouer. C’est bien normal puisque c’est le seul instrument (re)présenté à la
télé. Il le voit sur l’écran, c’est facile à jouer, ça fait beaucoup de bruit
et c’est très applaudi avec une horde de cris. S’il est déterminé, lui
expliquer qu’il s’agit d’un instrument primitif pour imbéciles incompétents, ça
ne sert à rien. Il faut le laisser faire. Il jouera pendant des années un ou
deux accords de plus en plus forts, de plus en plus laids et se satisfera de
cet état d’infirmité.
Mais s’il n’a pas de préjugé, on peut tout lui demander et il peut tout faire
si on sait l’écouter. Mais comme il est changeant, impulsif et très sollicité,
c’est la concentration qui va le pénaliser. Aussi, seule la conviction d’un
professeur admiré peut l’aider dans sa démarche en l’accompagnant et en créant
le lien social et affectif qu’il attend.
Sa difficulté essentielle sera le langage musical. Il devra apprendre la
technique d’une langue qu’il n’entend jamais, parallèlement à une technique
instrumentale contraire aux automatismes de son propre corps. Quelque soit
l’instrument, il devra acquérir une dextérité et une souplesse dont aucun des
gestes n’est naturel, et c’est seulement l’effort constant et journalier qui lui
permettra de faire face aux difficultés. C’est avec la complicité
professeur-parent que sa réussite sera rapide et confirmée.
Le professeur est l’identité visible de l’école de musique. C’est lui qui
enseigne, c’est à lui que l’on s’adresse. Il renseigne comme il enseigne, selon
sa conviction ou sa capacité. Des convictions, il en a, il n’a même que ça, des
bonnes, des moins bonnes et des mauvaises, mais quelque soit le cas de figure, il « sait » comment enseigner : si l’élève ne comprend pas,
c’est qu’il ne travaille pas.
Il a la fâcheuse habitude de trop souvent oublier que son principal souci doit
être l’autonomie qu’il se doit de faire acquérir à l’élève, pour qu’il puisse
au plus tôt, seul chez lui, mettre en pratique ce qu’il lui a appris. Si le
professeur y met volonté et passion, c’est seulement au bout de quelques années
qu’il aura compris ce qu’est l’enseignement, parce que ce qu’on lui a appris,
ce n’est que de la théorie de bureaucratie.
Curieusement, dans son école, les cours sont donnés sous la forme de leçons
particulières. L’élève est seul, le professeur ne s’occupe que de lui, sans
imaginer un seul instant que les bons conseils qu’il lui donne, pourrait
profiter à d’autres. Mais cela l’arrange, même si, au bout d’un certain temps,
ça engendre l’ennui. Et puis, entre les absences, les
maladies et les épidémies, ça lui laisse du temps, non pas pour travailler son
instrument, mais pour hanter les couloirs afin de prendre la température du
moment auprès de ses collègues et raconter la dernière du directeur.
Mais si discourir l’ennuie, il préfère user de son
portable (avant il allait au secrétariat), pour combler les trous laissés par
les absents, afin de rentrer au plus tôt chez lui, ceci au mépris de
l’administration qui le paie pour un nombre d’heures hebdomadaires précises et
non pas pour l’enseignement.
Certains directeurs, des fous furieux probablement, lui ont proposé de
s’adapter à la pédagogie de groupe, qui est une des rares méthodes qui mérite
l’exploration. Mais, bourré de préjugés, il ne croit pas à son efficacité.
Alors à quoi bon ? il laisse tomber. Et, s’il en a compris les avantages, très
vite il s’aperçoit qu’il faut beaucoup de courage et de ténacité pour ne pas se
fatiguer : trois élèves travaillant ensemble pendant
une heure et demie sans pouvoir souffler un instant, c’est très épuisant.
Alors, exit l’efficacité, il faut mieux abandonner et revenir à son petit
plan-plan.
L’enseignement ne peut passer que par la méthode progressive, papier et
pédagogique. Encore faut-il y réfléchir, la trouver et l’appliquer. Et ce n’est
pas simple pour le professeur qui n’y est pas entraîné, qui ne veut pas se
faire aider et qui fait l’objet d’une critique régulière qu’il a souvent cherchée.
C’est donc l’absence de méthode qui va le perdre et décourager l’élève qui ne
peut s’y retrouver.
Enfin, le professeur doit observer l’élève et lui faire remarquer tout ce qui
peut nuire à sa progression. Ici, la lâcheté est souvent de mise, car l’élève
est susceptible – un peu moins que le professeur – et risquerait de le lâcher.
Je connais certains professeurs, de piano notamment, qui ne s’inquiète
nullement du cas d’élèves avancés, musiciens, intéressants, qui jouent avec
beaucoup d’intérêt et de musicalité, Beethoven, Schubert, Debussy ou Ravel,
sans savoir lire la moindre note. Ils ne connaissent que les doigtés. C’est
difficile à croire et pourtant, ils sont très nombreux. Par contre ils «
improvisent » ! Il y a aussi des professeurs spécialistes des tris, par le
découragement systématique des élèves n’ayant pas grâce à leurs yeux pour
raisons diverses, manque de travail ou manque de sympathie, ne gardant ainsi
dans les rangs, que l’élite savamment choisie. Il y a enfin le professeur de
violon ou de violoncelle qui s’est mis dans la tête qu’il est tout à fait
normal qu’un élève joue faux pendant des décennies, ce qui signifie qu’il ne
jouera jamais juste. Expliquer au professeur que c’est dès le premier jour
qu’il doit exiger la justesse, et l’obtenir, le scandalise et le rend fou. Au
bout de quelques années, il en perd l’oreille et prend son directeur pour un
maniaque déjanté. Et pendant ce temps, l’élève continue a égrainer ses fausses
notes sans même savoir qu’il ne sait pas jouer.
Le directeur est l’âme invisible de l’école. Il se rend visible de temps à
autre et chacune de ses apparitions, même souhaitée, est redoutée. Sa force,
c’est sa conviction, sa manière de transmettre ses idées et de les faire
respecter, d’une part, par son patron, le maire, qui n’en a rien à faire et qui
réagit seulement et négativement à la vue des budgets suggérés, et d’autre
part, ses subordonnés, les professeurs qui le considèrent ou le méprisent en
fonction de son caractère et des pédagogies qu’il veut imposer.
Il ne sera respecté qu’en fonction de sa compétence, qui doit être totale et
inébranlable. Il doit être incollable et avoir réponse à tout. La culture et la
pédagogie doivent être son arme naturelle pour vaincre et s’attirer les
sympathies. Les professeurs compétents alors le reconnaîtront et l’harmonie
règnera dans la maison. Si le directeur rencontre l’incompétence, il doit la
combattre vaillamment, sans arrières pensées et laisser le professeur devant ce
double choix : la formation ou la porte. Mais il se doit de reconnaître le
professeur de qualité et celui qui fait des efforts pour y accéder, les
encourager et leur faire confiance. C’est avec eux qu’il doit partager ses
idées et mettre en place les pédagogies nécessaires pour l’efficacité.
Il ne doit pas tolérer les méthodes illusoires de la
facilité, faites pour amuser. Les détours et les mensonges sont à bannir
parce que la seule vérité est que l’apprentissage de la musique est difficile
et ne s’acquière que par le travail, le courage et la volonté. Il faut
interdire les stupidités : formation musicale,
improvisation, musiques actuelles et diverses autres niaiseries qui prennent à
l’élève le temps qu’il doit consacrer aux seules matières efficaces : le solfège
– savoir déchiffrer un texte musical en chantant et en battant la mesure – et
la technique de son instrument – gammes, arpèges, et autres exercices – pour en
jouer naturellement.
Au lieu de perdre son temps en réunion avec ses collègues des autres établissements,
le directeur doit s’entourer de pédagogues confirmés, spécialistes ou
généralistes, qui, ayant fait l’inventaire de la maison, soient capables
d’entamer une collaboration guidant et conseillant sur ce qu’il y a de mieux à
faire. Le directeur doit aussi administrer, ce qui veut dire organiser
méticuleusement une maison ou souvent, l’anarchie règne en maître, et dans ce
domaine, n’écouter que sa raison, quitte a déplaire.
Tout ce travail ne peut se faire que si la ligne budgétaire est en adéquation.
Tout se paie. L’école a un coût élevé en matériel et en salaires. Il faut donc
obtenir l’adhésion du maire, ce qui n’est pas une mince affaire, pour le
recrutement et l’achat du petit crayon au grand piano à queue de concert. Il
doit donc convaincre l’élu et pour cela bien le connaître afin d’engager un
combat à égalité. Il faut toujours se battre avec la même arme que
l’adversaire. Ici, c’est le mensonge. Il doit donc mentir, surtout sans rougir
et inventer les arguments susceptibles de toucher la corde sensible. C’est sa
seule chance d’obtenir ce dont son établissement a besoin pour vivre ou le plus
souvent pour survivre. Le directeur qui pense le contraire et qui est donc dans
l’erreur, c’est celui qui courtise, courbe l’échine et se prostitue en léchant
les bottes de l’élu. Il n’obtiendra dans ces conditions, que restes et mépris.
Le directeur a tous les pouvoirs et n’en a aucun. Seule sa personnalité et ses
hautes compétences professionnelles feront de son école un lieu privilégié où
l’on apprend sans perdre son temps.
Enfin, se pose une dernière question : le directeur, qui est-il ? Généralement,
c’est un musicien aigri qui a échoué, un instrumentiste d’orchestre lassé ou
viré, un compositeur non joué, un opportuniste incompétent et ambitieux, un
chef d’orchestre frustré avide de pouvoir et ne sachant pas dirigé. Mais ce
peut-être aussi, cela arrive, rarement, un homme sincère, cultivé, connaissant
toutes les matières nécessaires pour son métier, ayant le désir de faire
avancer intelligemment des projets authentiques dans l’efficacité, pour que les nouvelles générations puissent se nourrir de
musique, de la vraie musique, la musique classique oubliée et très souvent
enterrée, et vivre pleinement leur passion en amateur ou professionnel
éclairé. Le directeur digne de cette fonction , ce n’est que cela.
Le politique, dernier nommé mais primordial dans le concert de ce quintette
indissociable, c’est le maire de la ville où l’école est implantée. Son art
n’est pas celui de la musique mais celui de courtiser ses électeurs pour mieux
les conserver. Son action n’a d’importance que si elle est visible aux yeux du
monde entier. C’est lui qui détient l’argent, il en a beaucoup, et c’est lui
qui le répand, à son gré. C’est pourquoi il est le roi, le maître absolu et
entend le rester. Et c’est aussi pourquoi, à ses yeux, la musique n’a que
l’importance qu’une infime minorité veut bien lui donner.
Il s’est toujours demandé pourquoi l’état l’a affublé d’une telle calamité qui
ne lui attire qu’ennuis et contrariétés. Et s’il en a si peur, c’est que l’art
n’est accessible qu’aux esprits élevés. Son mot d’ordre est la démagogie :
ouvrir, rassembler pour faire croire d’exister. Mais pour nous c’est se trahir et
tout le contraire de ce qu’il faut faire : prendre sa liberté au risque de se
faire virer.
P. de Villiers, qui, il y a
encore quelque temps, embrassait à pleine bouche et sur/dans la bouche le
jeune et innocent Roi de France, vient de déclarer que le Souverain était « le
pitre de la République ». Où l’on voit qu’en politique, les amitiés - même
transcendantales - ne durent que le temps d’une rose tombée sur le chemin dans les
bouses du matin. Et j’ajoute - de Villiers faisant allusions au film : « Le
Roi et ses youtombeurs » que le Roi s’est montré si pit(r)eux, qu’il a
encore gagné des milliers de voix. Son face à face obligé, certifié et gagné
avec Le Pen, à la télé, ne sera qu’une formalité. Le peuple adore ce qui dégrade,
ce qui sali, ce qui s’étale sous le rouleau à pâtisserie. Pour preuve, ils ont
été des milliards à regarder l’Eurovision de la chanson où, dans le brouhaha indécent
des lumières, ont vociféré des ânonneurs dont la crétinité rejoint celle des
playlisters de France Inter. Triste monde qui ne différencie plus le beau du
laid et qui se laisse emporter par les plus débiles des sollicitations. La
fonction de l’homme est la réflexion par l’analyse de la fondamentale. L’homme
qui a mis des siècles et des siècles à descendre du singe, s’est installé dans
la fusée interplanétaire pour rejoindre au plus vite ses origines. Pour l’immense
majorité, c’est fait.
Donc Darmanin a porté plainte
contre Pulvar. Et Pulvar a tout naturellement porté plainte contre Darmanin. Et
Pulvar a eu raison. Darmanin est de ceux - et ils sont des milliards - qui a un
pois chiche à l’intérieur du cerveau, ce qui altère très gravement la pensée qu’il
n’a pas, puisque jamais, il ne l’a eu. Et c’est pourquoi il est en politique,
cette science inexacte qui rend l’homme imbécile et irrécupérable. Et c’est
pourquoi cette science attire de plus en plus de candidats. Bientôt, dans
quelques années, quand mon parcours aura pris fin, il n’y aura que des
politiques sur la terre et plus personne à gouverner. Ça va être très rigolo.
La politique spectacle de
boites de nuit du Roi de France est de plus en plus pitoyable. Maintenant, il se
fourvoie avec deux youtubeurs crétins et stupides pour tenter de séduire les jeunes
pour sa réélection. LAMENTABLE ! N’est pas humoriste qui veut ! Et
pour bien être sûr de re-poser son cul sur le trône de France, il s’attaque -
par l’intermédiaire de son godillot-ministre de l’Intérieur - à l’opposante
Audrey Pulvar qui avait jugé la manifestation des policiers « assez
glaçante ». Où l’on voit à quel point le Roi et ses godillots rampants
sont tombés bien bas, si bas qu’il va falloir faire bien attention où l’on pose
nos pieds. Ils sont à raz-de-terre et invisible à l’œil nu. On risquerait de
les écraser comme on écrase un ver de terre, à la différence de l'invertébré,
c’est qu’eux, ils sont inutiles, totalement inutiles.
Ce sera tout pour ce matin.
Les deux nouvelles sont suffisamment pourries.
Hier soir, j’ai vu la vieille
dame se pencher sur sa jeunesse, la regarder triompher en l’effaçant peu à peu
et en la rayant de son monde du paraître triomphant. Christophe Honoré a encore
sublimé la relation, le lien avec l’autre, lien pourtant inexistant entre Tosca
flétrissante et Tosca lumineuse et espérant. Encore le temps. Deux temps -
celui d’avant et celui d’après - en même temps et au même moment. Est-ce l’ancienne
qui observe la nouvelle ou la nouvelle qui observe l’ancienne ? Leur
accord parfait ne cache-t-il pas un désaccord naturel, l’une n’étant pas elle,
elle n’étant pas l’une ? Audrey - mariée à un nabot après avoir été violée
par le doppelgänger de Dale Cooper - ne sait plus qui elle est, si elle est, et se
demande si elle ne serait pas la petite fille au bout du chemin. Diane,
dévoilée 25 ans après, joue elle-même ce double jeu en prenant conscience qu’elle
n’est pas elle et qu’elle ne se trouve pas dans le bureau de Gordon Cool, mais
à 600 kilomètres dans celui du shérif Frank Truman, prisonnière d’un corps
mutilé qui ne peut être le sien et qui attend le sien pour être délivrée. La représentation de Tosca rejoint celle de
Twin Peaks, fictions parfaites des réalités alternatives que nous refusons de
voir pour éviter que le traumatisme ambiant atteigne son paroxysme. Nous sommes
peu donc pas. Nous ne sommes pas ici, mais là. Nous croyons ce que nous voyons
alors que nous sommes aveugles. Le monde serait à refaire, à remodeler, à
refaçonner, s’il n’était pas le monde immuable, intouchable, froid et raide
comme un bâton de maréchal agonisant. C’est pourquoi il faudrait peut-être songer
à chercher son miroir, à le trouver, à s’y regarder, à s’y reconnaître et à le
traverser, sans se préoccuper du regard et de l’avis de cette chose innommable
que l’on appelle « l’autre ». Et pour accomplir cette métamorphose,
accepter avec confiance de pousser la porte du cabinet de Freud, cet endroit ou
le noir d’une nuit sans lune se transforme en un horizon de lever de soleil.
Ce qui me choque - s’il est
encore possible d’être choqué - chez Youssoupha, rappeur
désigné pour composer l’hymne des Bleus pour l’Euro - il s’agit de foot - c’est
que pour composer il faut connaître la technique de la composition - comme Bach
ou Wagner - et l’art d’aligner les mots - comme Villon ou Baudelaire -. Jamais,
de toute ma vie, je n’ai vu le rapport entre le Rapp et la musique, le Rapp et
la poésie. J’évoque le Rapp, mais je pourrais évoquer le Rock, le Pit, le Swall,
le Bkou, le Wurl, c’est la même chose, c’est identique. Ça ne vaut rien, c’est
nul à chier et c’est pour cela que c’est tout en vrac dans la playlist de France
Inter qui, selon les abrutis qui l’ont constituée, est un ramassis de génies.
Moi, je n’y vois qu’un ramassis de cerveaux flétris et de pensées lézardées et
fractionnées comme celles des irrécupérables des asiles psychiatriques. On joue
encore Mozart, Schubert, Ravel et Boulez et on ne connait pas notre chance. Car
bientôt, c’est fini. Chez les abrutis, le regard ne sait que fixer les
caniveaux.
Un sens implique qu’il y a d’autres
sens et que le sens adopté et/ou suivi est un choix imposé ou choisi. Le sens
est rarement choisi puisque la pensée de l’homme est fabriquée, forgée,
façonnée et figée par la dictature des générations, des familles, des politiques,
des religions, de l'école et des pouvoirs vides de sens qui dominent le monde depuis que le
monde est monde et sans doute, bien avant. Les mots ont le sens qu’ils n’ont
pas puisque soumis aux broyeurs permanents depuis le début des temps, ils n’ont
plus que la signification que leur auteur veut bien leur donner. Les miens -
mes mots - n’ont aucun sens, seulement mon sens et personne, qui que ce soit
ne peuvent en comprendre le sens puisqu’ils sont moi, comme les mots des autres
n’ont que le sens des autres, c’est-à-dire aucun sens pour moi. C’est pourquoi
dans ce monde noir et sans lien, personne ne peut comprendre l’autre en raison
d’incommunication générale entretenue depuis toujours par ceux qui pensent que
la domination est la vitalité de leur vie, morte avant, pendant et après.
Avant, pendant et après quoi ? Difficile à dire. Nous tombons dans le
mélange et l’incompréhension des temps qui sont temps différents et temps uniquement. L’incompréhension
est partout puisque la pensée n’a jamais été habituée à comprendre. Elle n’a
pas appris. Apprendre c’est comprendre que certains - une minuscule minorité -
gouvernent/traumatisent le monde et rien ni personne ne VEUT les arrêter,
soit parce que le pouvoir est excitant, soit parce que la domination est une
facilité. La vie marche en arrière et ne le voit même pas. Qui pourrait réveiller
ce monde endormi, anémique et inconscient ? La conscience, sans doute !
Celle que Freud protège et régénère en fouillant et disséquant. Qui connait Freud ?
Personne ou si peu. Il est jugé comme un furieux sectaire alors qu’il est le seul à pouvoir sauver le monde et ses milliers de choses à deux bras et deux jambes qui ont perdu
leur tête.
Olga Peretyatko (soprano) performs Juliette's valse «Je veux vivre» from
Charles François Gounod's opera «Romeo et Juliette» during the live stream concert
«Wir spielen fur Sie» at Konzerthaus. With Matthias Samuil (piano)
Berlin, 18.03.2020
Olga Peretyatko,
soprano, performing "Salut A La France" from Gaetano Donizetti's
"La Fille Du Regiment"
Conductor — Daniele
Gatti
Le Concert De Paris
Paris, 2014
Olga Peretyatko sings 3 songs of Sergei Rachmaninov: "Vocalise"
(op. 34/14), "It's nice here" (op. 21/7), "Don't sing, my
beauty" (op. 4/4)
Concert from Tchaikowsky Concert Hall, 3rd of July 2018 State Academic
Symphonic Orchestra under the baton of Mikhail Jurowsky
Olga Peretyatko singt
"Il bacio"/Der Kusswaltzer von Luigi Arditi.