L’ignorance,
née avec l’homme et collée à sa peau comme le scotch du Capitaine, restera son
unique ennemi et c’est de sa main que tous les jours, il souffre et meurt.
Depuis les millénaires de son existence, jamais, il n’a réussi à guérir cette plaie
sanglante et purulente. Seul Parsifal aurait pu le faire, comme il l’a fait
pour la plaie d’Amfortas. Mais Parsifal n’est qu’un sujet comme les autres dans
la sphère des Dieux et des êtres imaginaires que la pensée de l’homme créée pour
combler le trou noir du fond de son puits et lui donner l’illusion qu’il
existe. Si son trou noir était puits de lumière, il serait effaré, effrayé et
anéanti par sa conception des valeurs qu’il attribue à tort et à travers en
fonction des choses dites et répétées pour lui éviter de penser. Il y aura eu
une bonne vingtaine de jours et nuits, sans un instant de relâche, pour une
vieille femme morte surnommée « Reine » qui n’a rien fait de sa vie
formatée, fabriquée, dessinée, hors d’elle-même, vieille femme qui n’a jamais
connu l’authenticité de ceux - denrée rare - qui peinent par eux-mêmes et qui
aura joué toute sa longue vie une mauvaise pièce de théâtre qu’aucun directeur
de scène n’oserait mettre à l’affiche. Comment ose-t-on exposer son cercueil ambulant
aux yeux du monde, monde pissant l’immonde, et chanter les louanges de cette
mécanique qui n’a fonctionné que parce qu’elle a pu choisir la qualité l’huile
de ses roues dentelées. Elle n’a rien apporté au monde. Elle n’a vécu que par sa
position sociale du Moyen-Âge et par les faveurs inconvenantes que la bourgeoisie
purulente lui a accordée. J’ignore cette intruse et j’ignore ses complices. Je
préfère regarder et me réjouir de cette mort qui nous montre en gros plan un homme libre
qui a vécu sa vie selon son moi authentique, un homme qui, en révolutionnant le cinéma, a montré une façon de vivre non convenue, non sociale, non bisousnours-aimez-vous-les-uns-les-autres, un homme qui se plaisait à déconstruire pour
reconstruire différemment et jamais comme le dictent les lois scélérates. Godard
était une mosaïque aux éléments interchangeables qui retombait toujours sur ses
pattes en mettant en avant son cœur gros comme une montagne. Il est mort comme
il a vécu, en homme libre qui a choisi le jour et l’heure de sa mort. C’est là
et nulle part ailleurs qu’est l’exemple.
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