mardi 12 septembre 2023

le puits au fond du jardin • mirga gražinytė-tyla…


 

 

Dimanche 10 septembre 2023. 18h30. Lucerne (Suisse). Avec un calme impressionnant, la jeune cheffe lituanienne, Mirga Gražinytė-Tyla, monte au pupitre de l’Orchestre Philharmonique de Munich. Elle va conduire la 2ᵉ symphonie de Gustav Mahler - œuvre grandiose avec soprano, mezzo et grand chœur mixte - à bon port, faisant fi des vagues, des tempêtes et des tsunamis. La capitaine du paquebot a été inflexible. Je n’ai pas reconnu la caresse angoissée d’Abbado, ni la poigne de Rattle. Elle a abandonné le geste au regard - son regard dans le regard de ses musiciens - qui a dominé son voyage dont elle a rejeté d’un revers de main les embûches de l’écriture du compositeur, écriture magnifique qu’elle a savamment ciselé dans une masse sonore d’une prodigieuse clarté. Des pianissimi magiques aux fortissimi pleins, puissants à l’extrême, elle a su comme jamais préserver les silences dont elle a fait le thème de la symphonie. Du premier accord au dernier - 1 heure et 20 minutes plus tard - elle a gardé sa vision minimaliste dans une grande et puissante fresque, entrainant musiciens, solistes, choristes et public dans le lien indéfectible, indestructible, de sa passion. Mirga Gražinytė-Tyla a fait triompher Gustav Mahler, sans gestes, sans mouvement intempestifs, avec sa puissance psychique à laquelle on ne peut résister. Fréquentant Mahler depuis plus de 60 ans, je crois bien l’avoir découvert. Et ce qui est sûr, c’est que mon admiration pour Mirga Gražinytė-Tyla que je suis sur les chaînes Mezzo et Classica, n’aura été que confirmée et même considérablement renforcée. Avec Yuja Wang et Barbara Hannigan, la nouvelle génération de musiciens complets est arrivée. Elle est solidement ancrée. Curieux qu’elle soit placée sous l’autorité du sexe féminin. Il faut en profiter, car les sexes sont en voie de disparition…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire