Je n’ai pas vu, ce matin, au travers de la baie de mon salon, le moindre changement L’immeuble d’en face ne s’est pas effondré. Les trains entrent toujours en gare, toujours en retard. Les trois ronds-points sont toujours bien fixés. Le tabac est ouvert, comme à son habitude. Le cantonnier est passé à 8h15 comme chaque matin. Et comme chaque matin, à 8h15, le voisin du 7e a sorti son chien. Pour ma part, j’ai toujours mes deux jambes et ma dent de sagesse n’a toujours pas repoussé. Alors qu’est-ce donc ces balivernes que l’on entend dans les postes et dans les écrans depuis hier ? À minuit pétant, le monde aurait dû changer du tout au tout, parce qu'à l’heure où le carrosse devient citrouille, les peuples font des vœux. Depuis les débuts des mondes, les carrosses sont toujours devenus des citrouilles et je ne vois pas en quoi et pourquoi cela devrait changer puisque le monde, tel qu’il est, l’est pour l’éternité. Le mauvais génie, sortit tout droit des contes d’Andersen, aurait débité sa litanie, dans la nuit, auprès d’un arbre mort et d’un tas de chiffons de toutes les couleurs. C’est ma voisine de palier qui m’a raconté. Il a promis le bonheur à tous, dès ce matin. Voilà. C’est fait. Vous voyez que c’est simple le bonheur. Aussi simple que la pensée de l’enfant au psychisme inabouti qui s'imagine être Roi.
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