Je suis pessimiste - très -. C’est ma nature. Cela vient du fait qu’une femme m’a violemment éjectée de son ventre et m'a laissé nu sur la terre, exposé aux vents, aux pluies, aux tonnerres et aux éclairs. Si je pouvais un retour en arrière, je l’étranglerais avec la ficelle qui m’attachait à elle, surtout que je n’ai jamais demandé à venir sur cette terre où dominent le mensonge et la lâcheté et que rien qu’oser le mentionner annonce la pendaison par les pieds ou l’écartèlement par quatre veaux prématurés. J’ai appris, durant de longues années, que l’homme commence à vivre seulement dès l’instant où il connait parfaitement les rouages entre son conscient et son inconscient. Je le sais parce que j’ai poussé la porte du cabinet de Freud - ce que peu ont fait et c’est pour cela qu’il y a peu d’humains - pour y chercher mon miroir, pour le trouver, pour m’y regarder, pour m’y reconnaître et pour le traverser. Depuis un certain temps, de l’autre côté, je vois la vie telle qu’elle est et non pas à travers le filtre déformant imposé par l’inconscient. Ce que je vois est laid, pitoyable, irrespectueux et infâme. La chute de cette civilisation est irrémédiable parce que les quelques décideurs sont des cerveaux pourris pour ne pas avoir appris. L’ignorance aura été le poison implacable de cette dernière ère. C’est presque fini et il n’est pas sûr qu’une nouvelle ère commence un nouveau circuit, l’univers ne supportant plus l’homme destructeur et idiot comme un poireau décapité et sans queue. Lorsqu’un pays est dirigé par un chef qui ne différencie pas les sexes et que ses godillots sont pratiquement tous dans la même situation, je ne vois pas le point d’aboutissement. Je ne le vois pas parce qu’il n’y en a pas. C’est irrémédiablement foutu.