Il est (re)venu le temps des couteaux, l’arme efficace à cent pour cent qui laisse balafres – certaines sont immortelles – ou plaies béantes, introduisant la mort certaine. Que serait Jack – l’éventreur – sans son couteau ? Et José, avec lequel il a brisé la vie de la persifleuse ? Même les bandits corses usaient du couteau. Le couteau, revenu à la mode, est partout et découpe les chairs allègrement. On a inventé le missile alors qu’on avait le couteau, moins onéreux et plus efficace assurément. Maintenant, on le sait, la menace est partout et permanente. Il faudra bien imposer l’armure du Chevalier Bayard de jour comme de nuit, pour éviter l’afflux dans nos hôpitaux en surcharge permanente. Et il faudra, bien sûr, réinventer le cheval si l’on veut pouvoir se déplacer. Nous qui faisons progresser si vite l’artifice, nous courons à reculons vers les temps perdus et nous nous incrustons dans le célèbre tableau d’un pré-homme anonyme – peut-être l’homme authentique – où l’on voit monsieur, bobonne et marmailles vêtus de peau de bêtes, lors de leur sortie dominicale. La famille non recomposée sort de sa caverne. Bobonne couchée à même la terre est promenée par son mâle qui la tire par les cheveux, alors que les petits abrutis font des grimaces aux lions et aux girafes. Eux aussi portaient couteaux. Mais c’était pour découper la bonne chair de l’animal ou celle de l’épouse captive du chef de la tribu voisine qui avait empiété sur leur terre. On ne partageait pas à cette époque. On avait du bon sens.