Au début des mondes, les guerres ont commencé entre les anges et les démons. Les anges avaient des ailes, les démons des doigts crochus. Tout de suite, il y a eu les traitres. Des anges et des démons ont copulé entre eux et se sont multipliés. Aujourd’hui, on n’arrive plus à les discerner. Les gentils sont méchants. Les méchants sont gentils. Les gens de droite sont à gauche. Les gens de gauche sont à droite. Les hommes sont des femmes. Les femmes sont des hommes. La parole s’est désolidarisée de l’acte. L’acte s’est désolidarisé de la parole. Le mélange des genres brouille la vue, parasite le son et interdit le discernement. Discerner, c’est faire la part des choses, en faire le tri et bien les séparer en toute sécurité. Comprendre l’autre est un travail acharné de toute une vie. Quand jésus a dit : « Aimez-vous les uns les autres ! » il a fait une terrorisante boulette, car il prônait le mélange des genres, des races, des idées, de toutes les innombrables incompatibilités. Jésus n’était qu’un ado inabouti prisonnier de ses origines : une mère vierge et un père sans sexe. Voir et entendre, c’est accéder au stade adulte, ce qui n’est possible qu’en ayant la capacité de s’identifier précisément. Le travail d’identification ne peut se faire sans l’aide d’un sachant spécialiste du psychisme. J’en arrive donc à ma conclusion, qui ne cesse d’agacer les populations et leurs gourous. Sans ouvrir la porte du cabinet de Freud pour y chercher son miroir, pour le trouver, pour s’y regarder, pour s’y reconnaître et pour le traverser, l’homme ne sera jamais homme. Toujours, il restera le petit enfant coincé sous les jupes de sa maman et toujours, il manquera cruellement de discernement pour mener sa vie et – souvent – celle des autres, au port d’attache qui est le sien.