Donc
- sujet sans importance puisqu’il ne s’agit ni de la dernière aventure sexuelle
de Rousseau, ni des féroces aboiements de Mélenchien qui font peurs aux petits
enfants - hier soir (de 20h15 à 23h55 sans aucune interruption), c’était la
dernière des 4665 épisodes en 18 ans de Plus Belle La Vie. Ce n’était ni le Lynch
de Twin Peaks, ni le Truffaut de La Mariée était en noire, ni le Cronenberg de
La Mouche, ni le Dupieux de Mandibules, ni le Moll de Seules les bêtes, ni le
Hitchcock de Marnie ou Vertigo, ni le Bergman de Fanny et Alexandre. C’était le
miroir de la vie telle qu’elle parait aux yeux des innocents, avec ses amitiés,
ses amours, ses meurtres, ses jalousies, ses mesquineries, ses commères, ses ignorants,
ses enfants perdus, ses homosexuels, ses transgenres, ses disparitions, ses retrouvailles,
sa place du Mistral plus célèbre que la place du Tertre, son bistrot, son
commissariat. Ses producteurs n’ont pas engagé Grace Kelly, ni Gary Cooper, ni
Jack Nicholson, ni Jane Fonda, ni Jacques Weber, ni Carole Bouquet, mais des
acteurs qui ont été ce qu’ils ont été et auxquels on ne pouvait pas reprocher
la non-sincérité. Ils ont bouleversé et changé la vie de quelques personnes.
Ils ont été des psys sans le savoir. Moi, j’ai été fidèle au 12 dernières
années. J’ai beaucoup, énormément, pesté et j’ai aimé. J’y ai trouvé plus d’amis
que dans ma vie, des amis avec lesquels j’ai beaucoup échangé. C’est fini. Après
une troisième vision de Breaking Bad, je vais retourner à Twin Peaks. Et ma vie
devrait s’arrêter ici, au moment précis ou Dale Cooper demande à Laura : « En quelle année sommes-nous ? » et que l’image de la maison des Palmer
s’efface à tout jamais de l’écran. Tout a une fin…