Depuis 6 heures ce matin, j’épluche toutes les presses, radios, télés, papiers, et rien ne se distingue vraiment du quotidien, du banal, du chiant. Du rien, rien que du rien. Sauf, peut-être, la conclusion que les français sont heureux, heureux comme jamais. Cette nuit, ils étaient UN million à festoyer sur les Champs-Élysées à Paris - la plus belle avenue du monde dans la plus belle ville du monde - pour voir des jets de pétards éphémères et multicolores zébrer le ciel, dans un ordre militaire où pas un seul homme enceint n’a effleuré un sein rousseauien alors qu’un million de corps s’entremêlait. Chez moi, petit village de province, les pétards ont éclaté dès 22 heures et ont illuminé le ciel jusqu’à 2 heures du matin, m’empêchant d’entendre le Werther de Mezzo et ce ne fut pas trop grave parce que c’était Florez qui chantait. Et puis Werther, à part les deux ou trois passages émouvants, c’est vraiment désuet. Ma voisine de palier, que j’irai saluer tout à l’heure, m’a dit que Micron II Roi de France avait récité un texte de baratineur à la télé. Il a demandé au français d’être tous copains-copains et de bien réaliser la chance qu’ils avaient de vivre sous sa dictature, puisque dans l’année, ils devront travailler plus fort et travailler plus dur jusqu’à ce que leur corps les lâches. Et après ce moment de poésie, ceux qui n’étaient pas en vadrouille dans les champs sont allés se coucher, heureux comme tout de tout ce qui va leur arriver. Ma voisine de palier m'a dit aussi qu’un député - elle ne sait plus qui - est tombé de sa chaise quand il a entendu l’excellent comédien déclamé. Il s’est cassé le fémur. Il est à l’hôpital dans un couloir non chauffé, allongé sur le sol au milieu d’une cinquantaine de malades qui se tordent de douleur. Comme eux, il attend. Oui, il a raison Micron. La France est le plus beau pays du monde...