« L’impression de la
certitude est un certain témoignage de folie et d’incertitude extrême », a
écrit un certain Montaigne. Je ne suis pas un fanatique des philosophes qui ont
la fâcheuse tendance à vivre dans leur tête et à donner des leçons à l’humanité.
Peu importe. Que serait l’homme sans certitudes ? Certitudes affirmées ou
illusoires, peu importe, l’essentiel est d’en avoir et d’en avoir des solides,
pour affronter les horreurs de l’humanité. L’homme sans certitude est une proie.
Si je n’avais pas choisi – avec certitude - pour amis indéfectibles Freud,
Wagner, Hitchcock, Kafka, Lynch, Furtwängler, Dumas, Quinquin du Chevalier à la
Rose ou Eva des Maitres Chanteurs de Nuremberg, j’aurais quitté cette terre
depuis longtemps, et cela est ma certitude. Mon autre certitude est que l’homme
n’est qu’une coquille vide qui traîne sa vie comme un boulet de canon alors qu’il
a tout en lui pour être un héros authentique – à l’inverse de ceux des jeux du
cirque -, un Dieu vrai et vivant, ayant une parfaite connaissance des différentiations,
ce qui manque cruellement à l’espèce inférieure des objets vivants. Et puis, d’où
Montaigne sort-il cette imbécilité que l’ « impression » de la certitude
serait un témoignage de folie ? Sait-il, le penseur en chambre, que la
folie est le moyen de défense de ceux qui ont tout perdu ou n’ont jamais rien
eu. Pour eux, le monde est différent et ils l’expriment. Nous avons tous en
nous notre part de folie et nous la cachons par peur dû qu’en-dira-t-on. Notre
équilibre est si précaire que quiconque, même Montaigne, peut choir dans cette
autre manière d’appréhender la vie. Les fous ne sont pas fous. Ils vivent le côté
que les « normaux » repoussent chaque matin. J’en termine. Je
conseille à Montaigne de pousser la porte du cabinet de Freud pour y chercher
son miroir, pour le trouver, pour s’y regarder, pour s’y reconnaitre et pour le
traverser. Il lui sera alors possible de réécrire toute son œuvre, en lui
donnant un sens tout contraire à celui dont il a eu la certitude.